Le coup de poignard dans le dos
rideau
famille allemande pendant la crise de 1929

Que se passa-t-il pendant l'enfance de cette génération de la classe moyenne allemande qui fit d'elle une telle source de pouvoir pour les maitres du Ille Reich ? J'incriminerais surtout l'atmosphère sombre des lendemains de la première guerre mondiale. Nos parents se plaignaient sans cesse de l'appauvrissement croissant de l'Allemagne. A peu près constamment, nous voyions des individus en loques venir implorer à notre porte une assiette de soupe. La vue d'invalides de guerre, amputés ou aveugles, qui mendiaient aux carrefours nous effrayait souvent. Nous entendions toujours les adultes parler de tel ou tel de leurs amis qui avait perdu son emploi et ne savait plus comment faire vivre sa famille. On comptait à la fin six millions de chômeurs.
De plus, mes parents imputaient tout cela aux réparations que l'Allemagne devait payer à ses anciens adversaires, ainsi qu'à la perte des zones industrielles allemandes. On ne parlait pas, en revanche, des conséquences de la grande crise économique qui était durement ressentie partout, et pas seulement en Allemagne, au début des années 1930. Tous nos maux venaient du désastre national de Versailles.
Longtemps avant que nous comprenions vraiment ce que signifiait la guerre nous savions qu'il s'agissait de quelque chose d'horrible. Et quand les adultes en parlaient, c'était pour répéter que sa conclusion et ses conséquences constituaient une monstrueuse injustice. Ils disaient : L'Allemagne a perdu la guerre, bien qu'aucun pays n'ait eu de soldats plus courageux que les siens. Elle n'a pas été battue sur le terrain, mais poignardée dans le dos par les crapules qui la gouvernent à présent.

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Grandir en Allemagne nazie